Crise financière de l’Université Laurentienne causée par l’érosion de la gouvernance et du financement public : le ministre doit fournir un financement à long terme

(TORONTO — 2 février 2021)

L’Association des professeures et professeurs de l’Université Laurentienne (APPUL) et l’Union des associations des professeurs des universités de l’Ontario (OCUFA) s’inquiètent d’apprendre que l’Université Laurentienne demande la protection des tribunaux en vertu de la Loi sur les arrangements avec les créanciers des compagnies en raison des difficultés financières auxquelles elle fait face à la suite de décisions administratives irréfléchies et imprudentes et de l’érosion du financement des universités publiques. Bien qu’il y ait des questions importantes à poser, le ministre des Collèges et Universités, Ross Romano, a la responsabilité d’intervenir et de fournir à l’Université Laurentienne le financement dont elle a besoin, non seulement pour survivre quelques mois de plus, mais aussi pour assurer l’avenir à long terme de l’établissement public.

Il est inquiétant de constater que le ministre ne mentionne que le bien-être des étudiants dans sa déclaration. L’obligation de la province ne se limite pas à assurer que les étudiants de l’établissement puissent poursuivre leurs études sans interruption, mais elle vise également à protéger les emplois de ceux qui travaillent à l’université, des emplois qui sont essentiels à la communauté du Grand Sudbury.

Quant à savoir comment la Laurentienne s’est mise dans ce pétrin, l’APPUL a exprimé à plusieurs reprises ses préoccupations relativement à l’approche de plus en plus secrète et non consultative adoptée par l’administration de l’université pour prendre des décisions financières importantes.

« À la Laurentienne, et dans d’autres universités de l’Ontario, de plus en plus de décisions sont prises à huis clos, en violation flagrante des lois universitaires et de leurs propres statuts, contournant ainsi les organes de direction démocratiques existants qui comprennent le corps professoral, le personnel et les étudiants, a déclaré Rahul Sapra, président de l’OCUFA. Des crises telles que celle à laquelle fait face l’Université Laurentienne vont forcément se reproduire dans tout le secteur tant que le modèle de gouvernance universitaire fondé sur la communauté et sur la collégialité sera érodé au profit d’un modèle de gestion corporatif et secret. »

Selon Ross Romano, le gouvernement devrait peut-être envisager une plus grande surveillance des finances des universités afin de veiller à ce que cette situation ne se reproduise plus. L’OCUFA et l’APPUL rappellent au ministre qu’il a quatre représentants au sein du Conseil des gouverneurs de l’Université Laurentienne, la plus haute instance de la région. Où étaient ces représentants lorsque le corps professoral, le personnel et les étudiants tentaient de demander à l’administration de l’université de rendre des comptes? « Les défis que doit relever l’Université Laurentienne ne sont pas dus à un manque de surveillance de la part du gouvernement, mais d’un manque de transparence et de responsabilisation dans la gouvernance de l’établissement qui permettent à la communauté universitaire d’assurer la surveillance et de passer des commentaires, a déclaré Fabrice Colin, président de l’APPUL. Au lieu de cela, les représentants du gouvernement, qui auraient dû assurer la surveillance et une bonne gouvernance, se sont joints aux autres membres de la haute direction et du conseil d’administration pour écarter le sénat de l’Université Laurentienne et d’importants intervenants de discussions cruciales entourant les finances de l’université.

Depuis de nombreuses années, l’OCUFA souligne l’érosion continue du financement public destiné aux universités de l’Ontario et le fait que la province fournit le plus faible financement universitaire par étudiant au Canada, ce qui entraîne une dépendance excessive vis-à-vis des frais de scolarité et des donateurs privés. Les répercussions de cette détérioration de l’assise financière sont particulièrement aiguës dans les universités du Nord comme la Laurentienne.

Par conséquent, peut-être que la décision de l’Université Laurentienne de réclamer la protection en vertu d’arrangements avec les créanciers des compagnies n’est pas aussi surprenante qu’elle le semblait au premier abord. Voilà ce qui se produit lorsque les établissements publics ne sont pas financés adéquatement et lorsque la gouvernance collégiale est érodée, et que d’importants processus décisionnels se déroulent à huis clos.

Ce gouvernement a la responsabilité d’intervenir immédiatement et de fournir un financement à long terme pour assurer l’avenir de l’Université Laurentienne, afin qu’aucun étudiant ne perde inutilement son éducation et que personne ne perde inutilement son emploi. La haute direction de l’Université Laurentienne et son conseil d’administration, y compris ses quatre représentants du gouvernement, doivent cesser de se cacher derrière des portes closes, respecter les statuts et les règlements de l’université et commencer à travailler avec la communauté universitaire afin que les décisions importantes soient prises de manière transparente, responsable et sérieuse.

Fondée en 1964, l’OCUFA représente 17 000 professeurs et bibliothécaires universitaires de 30 associations des professeurs en Ontario. Elle est engagée à rehausser la qualité de l’enseignement supérieur en Ontario et à reconnaître les contributions exceptionnelles de ses membres à la création d’un système universitaire de renommée mondiale. Pour plus de renseignements, veuillez consulter le site Web de l’OCUFA : www.ocufa.on.ca.

Fondée en 1979, l’APPUL représente 400 professeurs à plein temps et plus de 300 professeurs à temps partiel de l’Université Laurentienne, de l’Université de Sudbury, de l’Université Huntington et de l’Université Thorneloe.